Histoire : La Salle des Pas-Perdus
Les origines de la salle des pas-perdus
Chacun imagine la salle des pas-perdus comme ce vaste espace où l’on fait les cent pas dans les tribunaux, en attendant anxieusement un verdict…
Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, le nom de cette salle ne vient pas du temps perdu à tourner en rond…
Connaissez-vous l’origine de cette expression » salle des pas-perdus » ?
La définition
Selon le Littré, la définition exacte est celle « d’un large vestibule s’ouvrant sur divers bureaux et autres salles d’un bâtiment ouvert au public. »
Le terme de « la salle des pas perdus » s’applique par conséquent à toute salle d’attente vaste, claire, ouverte à tous. Son utilisation s’est toutefois concentrée sur les bâtiments administratifs, et plus particulièrement sur les tribunaux. C’est en effet la salle (le hall, devrais-je dire) qui se trouve à l’entrée des salles d’audience.
L’origine
On pourrait penser que le nom vienne du fait que, en tournant en rond, on y perd ses pas, d’où le terme de « pas » qui seraient « perdus ».
Pourtant, l’origine de cette expression est beaucoup plus intéressante.
C’est sous le règne de Louis XVIII que l’expression « la salle des pas perdus » prend son origine. À cette époque, le contexte politique français est trouble. Après un premier exil, Napoléon retrouve son nom d’empereur (c’est l’épisode des cent jours). En 1815, après la défaite de Waterloo, arrive la seconde restauration et Louis XVIII reprend le trône.
Le retour de Louis XVIII s’accompagne de l’élection, au mois d’août 1815 d’une Chambre des députés. Le suffrage censitaire pousse la noblesse et la bourgeoisie à élire des députés qu’ils pensent être les défenseurs de la France, de la Restauration et de leurs intérêts. C’est une Chambre ultra royaliste aux fortes convictions anti-révolutionnaires qui est élue.
Ainsi, sur les 400 députés de la Chambre, ce sont 350 ultraroyalistes qui sont élus. Le roi ne pensait pas pouvoir rêver mieux et la nomme « Chambre introuvable ». Louis XVIII signifie par cette expression que, même en nommant lui-même ses membres, il n’aurait trouvé une chambre aussi royaliste.
Mais cette chambre devient rapidement « plus royaliste que le roi », et s’oppose aux idées progressistes de Louis XVIII et de son gouvernement mené par le Duc de Richelieu. Elle est dissoute par le gouvernement un an après son arrivée aux affaires.
Au cours de la nouvelle élection certains députés ne sont pas réélus, ce sont les « perdus », tandis que les députés réélus sont nommés les « pas-perdus ».
Au Palais Bourbon, lieu où se tient la Chambre, ceux-ci se réunissent dans une salle qui prend naturellement le nom de salle « des pas-perdus ».
C’est ainsi que cette expression est née !